Les Suisses ne font pas le poids

Article publié dans Le Matin du 9 mai 2014 | Guillaume LaurentSuisses pas le poids

 

 

BASKETBALL Les joueurs formés en Suisse sont en retard sur le plan physique par rapport aux Européens et aux Américains

Ils courent plus vite, sautent plus haut et se blessent moins. Les rouleaux compresseurs « made in USA » de la NBA dominent aujourd’hui le basketball. Ailleurs, Espagnols, Argentins, Serbes et Grecs ont bien tenté de résister, mais malgré une science tactique vieille de plusieurs générations et une maîtrise technique minutieusement entraînée, ces derniers ont dû s’avouer vaincus par la puissance américaine. La loi du plus fort est aujourd’hui de mise sur la planète basket. Et si les Européens s’accrochent tant bien que mal à la locomotive états-unienne, les Suisses sont dans le dernier wagon.

C’est l’ex-sélectionneur de l’équipe nationale Sébastien Roduit qui a tiré la sonnette d’alarme, il y a maintenant 3 ans. Des tests ont alors étés mis en place par la Fédération suisse de basketball, pour évaluer la condition physique des meilleurs jeunes du pays dans les catégories U14 à U20. Il en est ressorti qu’en plus d’être souvent plus petits et plus légers que les enfants d’autres pays, les jeunes suisses étaient moins forts et moins rapides. Plus grave, ces derniers ne progressaient pas sur le plan de la condition physique en grandissant : si entre 15 et 20 ans les garçons évoluaient en fonction de leur développement physique, on ne constatait aucune amélioration chez les filles.

Mais pourquoi ce retard ? « En Suisse, le physique est moins important que le basket. Dans leur formation, les jeunes apprennent à maîtriser les fondamentaux et à bien appliquer les schémas. On est très carrés, on est réputés pour ça », explique Antoine Mantey, coach du Vevey Riviera Basket et ami d’enfance de Thabo Sefolosha. Avant d’ajouter : « aux Etats-Unis il y a plus de folie dans le jeu ». Préparateur physique des Lions de Genève, Mike Bader précise : « Là-bas, depuis très jeune le jeu est basé sur les qualités physiques et les un contre un. Alors les jeunes prennent l’habitude de bosser en salle de musculation, et pas qu’une fois par semaine ! » S’il existe une différence culturelle, plusieurs acteurs du basket suisse s’accordent à dire que les entraîneurs pèchent souvent par ambition personnelle. Sur le court terme, il est plus facile de faire progresser une équipe en travaillant le shoot, le jeu de passe ou la tactique, qu’en misant sur la condition physique.

Pour parer à ce déficit, Swiss Basketball a pris plusieurs mesures. Dès 2012, un groupe de travail a été mis en place. On y retrouve les formateurs des équipes jeunesses, des représentants des clubs professionnels et des experts du Swiss Olympic Medical Center de Sion. Ensemble, ils aspirent à développer des programmes de condition physique ciblés pour les basketteurs. Mike Bader fait partie de ce groupe et raconte : « Il faut sensibiliser les clubs à l’importance de l’aspect physique. Depuis 2 ans on fait du bon boulot, mais avant il n’y avait presque rien ! ». La Fédération encourage également les dix clubs suisses considérés comme des centres de formation à engager un vrai spécialiste de la condition physique. Un rôle encore souvent assumé par l’entraîneur principal.

Si un spécialiste est nécessaire, c’est que le développement de qualités physiques utiles pour le basket est un travail de précision. Pour améliorer sa mobilité, sa vitesse et son explosivité, il ne suffit pas de soulever un maximum de poids ou d’accumuler les heures de jogging. Loïc Perroud s’occupe de la préparation physique estivale de Thabo Sefolosha et il explique : « Le basket est un sport de contact, le joueur doit être solide, mais aussi véloce et agile, il doit être capable de rentrer des shoots même lorsqu’il est déstabilisé en l’air ». Et Mike Bader d’ajouter : « Un jeune qui apprend à connaître et à maitriser son corps, bosse son gainage et améliore sa vitesse, possède ensuite un vrai bagage sur lequel il pourra s’appuyer. La condition physique c’est aussi un travail d’anticipation des blessures et de récupération ». Plus vite, plus haut et plus fort, mais aussi mieux et plus longtemps, la condition physique est un incontournable dans l’arsenal du basketteur moderne.

 

ENCADRÉ : DOPAGE

Les joueurs américains tiennent-ils leurs qualités athlétiques hors du commun d’une quelconque potion magique ? Possible, dans une ligue où spectacle et argent règnent en maîtres. Mais là n’est pas la question pour le préparateur physique Mike Bader : « Le dopage est présent dans le basket, comme dans n’importe quel sport, ce serait naïf de croire le contraire. Mais il faut laisser aux Etats-Unis ce qui leur revient : dans le sport, ils sont à des années lumières de ce qui se fait ici ». 

Publications Le Matin et Le Matin Dimanche

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